Petite enfance et participation : une approche démocratique de l’accueil
Prix : 26,00 €
(à la date du Oct 27, 2020 04:05:51 UTC – Détails)
Ce livre éclaire la notion et la valeur centrales de participation dans le monde de la petite enfance. Il interroge, au regard de la qualité, de l’équité et de la diversité dans l’accueil et l’éducation des jeunes enfants, la participation des professionnels, des parents et des enfants. La participation est une composante essentielle d’une approche démocratique de l’éducation pour les jeunes enfants.
La mise en œuvre des procédures de participation par les professionnels, les parents et la communauté est tout à la fois garantie et indicateur de qualité dans les services de la petite enfance. Des chercheurs, des professionnels, des formateurs, des responsables, des parents, des partenaires, impliqués dans le champ de la petite enfance (accueil collectif, familial, école maternelle, etc.) font part de leurs réflexions et de leurs expériences.
Extrait de l’introduction de Sylvie Rayna et Catherine Bouve
ORIGINES ET CONTEXTE
De fait, les orientations politiques et législatives influent sur les conditions concrètes d’accueil des jeunes enfants et de leurs parents. Au-delà de ce qui est bien perçu comme une dégradation de ces conditions concrètes, restent néanmoins des interstices, des marges, où les professionnels parviennent à exercer leur libre-arbitre et faire valoir des choix éthiques et déontologiques. Car existe un lien indéfectible entre pédagogie et politique, entre travail social et politique, où la place du sujet, de la relation à l’Autre, aux autres, où la spécification des espaces d’accueil et des pratiques éducatives, prennent sens à partir du positionnement des acteurs de l’éducation.
Dès lors, c’est bien la définition de la qualité de l’accueil qui est en jeu, enjeu des orientations politiques et des choix professionnels, tout autant que citoyens. A travers ce mouvement de résistance, la question de la participation des différents acteurs de l’éducation, notamment professionnels et parents, fait écho à la position de l’OCDE qui affirme que «les programmes les plus probants sont ceux […] dont les objectifs principaux ont été définis en concertation avec de nombreux acteurs, dont le personnel, les parents et d’autres parties» (OCDE, 2007, p. 153). Petite enfance et participation, donc.
Participer, s’il s’agit d’avoir sa part – connotation économique que l’on peut cependant entendre comme «être admis au partage» (donc implicitement faire partie du groupe) -, de répartir des bénéfices, est bien à entendre au sens second d’un lien social, au sens d’un prendre part à (à l’éducation de son enfant, à un espace de vie, à un réseau relationnel…). La participation ne se décrète pas, elle nécessite apprentissage – et apprentissage est participation (Brougère, 2009) -, apprivoisement mutuel, dans une prise de conscience de soi et des autres. C’est tout un processus, de l’engagement périphérique à l’implication plus centrale, d’élargissement des répertoires de pratiques (Rogoff, 2007), de construction de communautés de pratique. Elle implique une prise de risque pour chacun de ses protagonistes. Elle n’est jamais ni linéaire, ni sans conflit ou confrontation. La participation, qui invite à questionner la place des parents, ne peut se limiter à une injonction ou encore à une timide sollicitation à participer à des réunions. Le faire-ensemble est possible dans un cadre défini en commun, dans l’échange, la négociation. Ne serait-il pas alors temps d’accepter l’évidence d’une coéducation de fait des enfants – et les coéducateurs sont multiples : au-delà des personnes, il y a les objets, les médias, etc. (Brougère, 2010) ? Ce qui n’enlève en rien la responsabilité parentale.