Enfant en développement, famille et handicaps : Interactions et transmissions
Prix : 25,50 €
(à la date du Nov 13, 2020 12:26:39 UTC – Détails)
Les questions des formes d’évolution de la famille et de ses rapport à la transmission, du développement et de la socialisation de l’enfant, ou encore des modes d’apprentissage, d’éducation et de prise en charge des enfants handicapés sont l’objet de nombreux travaux dont les trente-cinq études ou réflexions critiques de chercheurs en psychologie du développement et de praticiens, conduites en France et à l’étranger, présentées ici : l’originalité du présent ouvrage réside dans l’actualisation de leurs perspectives et la stimulation que leur mise en rapport suscite. Benoît Schneider est enseignant-chercheur en psychologie du développement et en psychologie de l’éducation (Nancy).
Extrait
La transmission de la parentalité : un rôle parental secondarisé dans les sociétés occidentales contemporaines
Marika Moisseeff
Je propose de reconsidérer ici l’articulation entre autonomisation et transmission entre parents et enfants en adoptant une perspective culturelle comparative. Cette perspective me conduira à distinguer deux fonctions parentales : l’une que je qualifie de nourricière, l’autre de filiative (Moisseeff, 2004 b). Le recours de plus en plus prégnant aux «psy» – dans les médias ou dans les thérapies proprement dites – doit peut-être être mis en rapport avec la difficulté pour les parents à assumer seuls une fonction filiative dans les sociétés contemporaines où la transmission de la parentalité n’est sujette à aucune injonction institutionnelle. Il me faut tout d’abord évoquer des généralités sur les relations entre parents et enfants en attirant l’attention sur le fait que ces relations sont destinées à changer de teneur après la puberté des enfants.
Dans toute société, les relations qui ont été d’emblée intimes, les relations entre parents et enfants et entre frères et sœurs, doivent devenir plus distanciées. Ainsi, si les parents se sont occupés de tous les besoins corporels de leurs enfants, en les langeant, en les nourrissant, en les habillant, en les portant alors qu’ils ne pouvaient le faire eux-mêmes, il serait parfaitement inadéquat, hors de circonstances bien particulières telles que de lourds handicaps, qu’ils continuent à le faire au-delà d’un certain âge ; de même, s’il est fréquent de baigner les frères et sœurs ensemble et de les accueillir dans le lit conjugal lorsqu’ils sont petits, ces manières de faire deviennent quelques années plus tard totalement inappropriées. Parallèlement à cette prise de distance avec les premiers intimes, d’autres types de relations avec des individus qui étaient au départ des étrangers, tels que les amis ou les futurs petits amis, doivent devenir plus intimes. Ces deux mouvements qui vont dans des sens opposés sont interdépendants. Le maniement de la distance ou de la proximité à établir avec ceux avec qui on est en relation est l’un des apprentissages à la fois les plus difficiles et les plus indispensables à la poursuite du développement individuel.